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orbis
18 juillet 2007

Hôtel des Lettres (rue Mange)

A droite de la porte d'entrée de l'hôtel, peinte en trompe l'oeil, on glissait, par une fente dissimulée dans la vigne vierge en stuc, des lettres destinées à ses proches disparus.

Petits paniers

Dans la paroisse, on trouve souvent, m'a-t-on dit, un panier plein de lettres (sans adresses) encastré en un lieu d'une haie vive. Je n'ajouterais guère foi à ce point si on ne lisait maints témoignages publics dans divers bulletins et s'il n'existait un ouvrage où fut publiée une partie de ces lettres datées de l'an 1718, ce qui, dans le cas qui nous occupe, équivaudrait, si on les voulait peser, à quatre livres environ.
Il convient de faire remarquer que tout ceci et très fastidieux à lire, et ce malgré des auteurs et destinataires variés dont  le lecteur curieux ne connaîtra cependant jamais l'identité.

Daniel DEFAUX
La correspondance, 1718


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Ces chers disparus.

Il est vrai, comme je l'ai fait remarquer en commençant, et comme le savent bien des gens encore vivants, qu'il y eut un nombre extraordinaire de disparus du 22 août au 16 septembre de l'an 1722; encore que le nombre prodigieux de 466 cité me semble incomplet, très incomplet même.
Je sais que des magistrats se plurent à penser quelque temps que ces gens s'étaient volatilisés de leur propre chef; mais on trouva vite matière à les faire changer d'opinion par la suite, car, en examinant de près chaque vie, on ne trouvait aucune des marques qui l'aurait minée depuis longtemps.
Il faut se convaincre définitivement que ces personnes avaient maintes raisons  de ne pas changer leur situation, de ne quitter ni leur profession ni leur foyer et, bien entendu , aucune raison d'attenter à leurs jours.
Des conjurateurs d'esprits, visionnaires, astrologues et autres mages, approchèrent les familles éplorées en leur promettant de promptes retrouvailles dans l'espoir de faire une grosse fortune; mais comme ils n'aboutissaient à rien et se contredisaient les uns les autres jusqu'à s'empoigner pour s'attacher leurs pratiques, on leur ferma vite les portes au nez ce qui fit que leurs gains furent modestes.
Et je crois aujourd'hui qu'il faut ranger parmi ces charlatans, celui qui fut à l'origine de ces paniers de lettres aux disparus que l'on trouvait, au détour d'un sentier, à peine cachés dans les haies des champs à proximité de la ville.

Boris CURENONSO
Journal d'un bourgeois, 1722

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